Bertille Laguet est une designer française née en 1988 installée à Lausanne. Diplômée de l’ECAL (Lausanne) en 2012, Bertille collabore notamment à la Vienna Design Week en 2013 (projet « Experimental Sweet Factory » où elle crée des bonbons inspirés des pièces de cristal de la maison Lobmeyr), puis se consacre au travail de la fonte et crée une collection « Gris Fonte » (un radiateur, un banc et une lampe). Tout à la fois objets pratiques et design, ces pièces ont vite connu le succès : ils sont vendus, mais aussi exposés (à New York pour la galerie Chamber, en Europe avec la foire d’art contemporain Art Basel, à Copenhague, à Bâle…). Bertille Laguet a reçu de nombreux prix, dont le très prestigieux Swiss Design Award 2017 (catégorie Produit 81 Objet) pour son incroyable travail de la fonte.
Bertille voulait être professeur de design. Mais une (heureuse) rencontre l’a mise sur un tout autre chemin : celui de forgeronne.
“J’ai fait la formidable rencontre il y a 2 ans d’un forgeron qui m’a parlé de son métier, sa passion, et m’a ouvert les portes de son atelier: un endroit fantastique chargé d’histoire, où les souflets en cuir qui alimentaient les feux sont encore là. La forge, on pense que c’est un truc de gros bonhomme, qu’il suffit de taper fort sur du métal, mais pas du tout. En fait, on est à la forge comme on est au fourneaux, on détermine la chaleur du métal à sa couleur, on dose, on surveille…
Il y a quelque chose de vivant dans le métal, très malléable quand il est chaud, puis d’un coup froid, rigide, sauvage. Et puis il y a les étincelles, le son de l’enclume… des choses poétiques finalement. Et il y a tout ce côté artisan, la relation aux gens : cela fait une belle complémentarité avec le métier de designer. À la fin de la journée, on a créé quelque chose de réel, de palpable, qui rend service aux gens.”
“Le design de tendance, dicté par les effets de mode qui oblige à renouveler très souvent les modèles, ça ne m’intéresse pas. J’essaie de garder une ligne éthique dans mon design: c’est aussi pour cela que je n’ai pas hésité à aller à la forge. C’est une méthode de production locale, avec des objectifs très concrets, des objets efficaces, qui vont durer dans le temps, les gens sont attachés à cette qualité et savent qu’il y a une vraie histoire derrière leurs produits.”
“La qualité de la relation a été un pivot central de la qualité du projet : toute l’équipe était à l’écoute avec une énergie extrêmement positive. Les techniciens ont été d’une grande aide: ils connaissent leur métier bien mieux que moi. Ils m’ont expliqué, ont trouvé des solutions techniques, ont rendu concrètes et viables mes idées. Le leitmotiv était clair: on y va, on teste, on lève les freins, on est là pour innover ensemble.
Pour le design en lui—même,j’ai souhaité m’inscrire dans l’histoire et la patte Cofreco. J’ai donc repris un modèle existant que j’ai fait vivre, évoluer. Je l’ai pensé pour être léger, élégant, avec un jeu graphique avec des barreaux plus espacés en haut et plus resserrés en bas. Ce portail s’appelle Polina, en référence à la jeune danseuse étoile de la bande dessinée de Bastien Vivès. Son trait est fantastique : il dégage beaucoup d’émotion et de caractère. Et Polina, danseuse classique qui s’émancipe vers la danse contemporaine, suis finalement le même chemin que le portail que j’ai souhaité moderniser. J’espère que cette élégance trouvera un écho auprès de gens.”